Category: Industrialisation & Transfert de technologie

ENERGIES RENOUVELABLES

Quand la Chine a les yeux plus gros que le ventre

Insatiable. En l’espace d’une dizaine d’années, la Chine est devenue le premier pays producteur d’énergies renouvelables, détrônant même les États-Unis l’année dernière, selon le dernier Rapport statistique sur l’énergie mondiale de BP. La Chine représente actuellement environ 40 % de la croissance mondiale (plus que l’ensemble de l’OCDE) et constitue la principale source de croissance mondiale en termes d’hydroélectricité et d’énergie nucléaire. Selon le rapport annuel du Programme des Nations Unies pour l’environnement sur les tendances mondiales des énergies renouvelables, la Chine est devenue le premier investisseur mondial en énergies renouvelables en 2015. Elle y a consacré 103 milliards de dollars au total, ce qui représente 36 % de la part mondiale. Pour satisfaire 20 % des besoins de la Chine d’ici 2030, le pays veut investir environ 370 milliards de dollars, soit plus du triple, dans la production d’énergie solaire, éolienne, hydraulique et nucléaire d’ici 2020. Cela devrait engendrer 13 millions d’emplois dans le secteur, d’après l’Administration nationale de l’énergie (NEA).

La Chine a produit 35 GW d’énergie solaire en plus, rien qu’en 2016, ce qui correspond à la quasi-totalité de la capacité de l’Allemagne. Toutes les heures, la Chine érige une nouvelle éolienne et installe suffisamment de panneaux solaires pour couvrir un stade de football, selon Greenpeace Pékin. Et si le 13ème Plan Quinquennal est respecté, 340 GW d’hydroélectricité, 200 GW d’énergie éolienne, 120 GW d’énergie solaire, ainsi que 58 GW de nucléaire et 15 GW de biomasse devraient être produits d’ici 2020. La Chine est ainsi un fabricant et un exportateur de technologies d’énergies renouvelables de premier ordre, en fournissant environ les deux tiers des panneaux solaires et en produisant près de la moitié des éoliennes de la planète.

Trop d’énergie propre gaspillée

Tous ces efforts visent à réduire la place prépondérante du charbon – la Chine étant le plus grand émetteur de dioxyde de carbone dans le monde – et à atténuer la grave pollution de l’air qui tue environ 1,1 à 1,6 million de ses habitants chaque année. Cependant, le pays doit relever un certain nombre de défis pour ne plus dépendre de l’importation des combustibles fossiles.

En fait, l’Empire du Milieu ne parvient pas à utiliser toute sa nouvelle électricité, à tel point que la NEA a dû demander aux autorités locales de six provinces chinoises d’arrêter d’autoriser la construction d’éoliennes sur leur territoire. En 2016, le taux d’écrêtement de l’énergie éolienne de la Chine, c’est-à-dire l’énergie éolienne qui aurait pu être générée et utilisée, mais qui ne l’a pas été, a atteint 17 %, soit plus du double de celui des deux années précédentes. Parallèlement, le taux d’écrêtement de l’énergie solaire du pays a doublé entre 2015 et 2016. Une grande partie de l’énergie propre qui devrait remplacer l’énergie générée par le charbon est donc gaspillée.

Des réseaux électriques plus souples

Cette situation peut s’expliquer notamment par le fait que, actuellement, les éoliennes sont installées et connectées à des réseaux dans les provinces quasi désertes du nord-ouest du pays. En raison du manque de lignes de transmission, l’électricité produite ne peut, de ce fait, être transportée vers les villes peuplées de la côte Est. La NEA préconise alors une plus grande souplesse des réseaux électriques chinois. En effet, pour que les réseaux électriques fonctionnent correctement, la quantité d’électricité fournie doit correspondre parfaitement à la charge du système. Une plus grande souplesse permettra donc aux réseaux électriques de mieux gérer la variabilité des énergies renouvelables due, par exemple, à la vitesse du vent ou à la qualité du rayonnement du soleil.

Il est également essentiel d’identifier de nouvelles utilisations pour les énergies renouvelables produites dans les provinces du nord de la Chine. Une approche prometteuse consiste à utiliser l’énergie éolienne pour aider à répondre aux besoins de chauffage étendus de la région. Comme services auxiliaires et en tant que substituts plus propres et plus efficaces aux centrales alimentées au charbon, la NEA favorise aussi la production de gaz naturel et le pompage-turbinage de l’énergie hydraulique.

En outre, la NEA encourage l’instauration de marchés directs pour les énergies renouvelables. Les producteurs d’énergies renouvelables seront alors habilités à vendre de l’électricité directement à ceux qui en ont besoin. Ils bénéficieront ainsi de points de vente supplémentaires pour leur électricité si les réseaux ne peuvent pas tout assumer.

Crédits image: Michal Strba

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VEHICULES ELECTRIQUES EN CHINE

Les constructureurs étrangers rencontrent des dos-d’âne

La Chine devrait atteindre 7 millions de nouveaux véhicules énergétiques (NEV) au niveau national d’ici 2025, selon le 13ème plan quinquennal de Pékin, finalisé en 2015. De janvier 2011 à décembre 2016, 951 477 NEV – terme utilisé par la Chine, qui englobe les véhicules fonctionnant avec une batterie électrique, les hybrides rechargeables et les voitures à piles à combustible – ont été vendus dans le pays. Ces chiffres, qui incluent les voitures de particuliers et les véhicules utilitaires lourds, font de l’Empire du Milieu le plus grand marché de véhicules électriques au monde, avec 37,7% des ventes mondiales en 2016.

Pour faire face à sa dépendance aux exportations de pétrole et à sa pollution atmosphérique due à une utilisation excessive de charbon en tant que principal générateur d’électricité, le gouvernement chinois a annoncé en 2010 la mise en place d’un programme, à titre d’essai, qui fournit des incitations monétaires aux constructeurs automobiles de NEV dans 5 villes locales. En 2016, le montant des subventions s’élevait à 30 milliards de RMB (4,4 milliards USD).

De même, Pékin tente de séduire les consommateurs chinois en leur promettant l’installation de plus de bornes de recharge. 400 000 bornes de recharge devraient être ainsi installées dans la capitale chinoise d’ici 2020. Les acheteurs potentiels de véhicules électriques (VE) peuvent également bénéficier de subventions en espèces, ainsi que d’espaces de stationnement et de plaques d’immatriculation gratuits.

Vente en baisse en début d’année

Plusieurs constructeurs automobiles ont dû payer des amendes pour avoir fraudé le programme précédent. La nouvelle politique de subventions d’août 2016 permet à seulement certains heureux élus de recevoir des subventions. Ainsi, plus d’un tiers des fabricants chinois, qui ne répondent pas aux normes de la dite politique, devraient être exclus. Le ministère chinois de l’Industrie et de la Technologie de l’information (MIIT) a récemment prévu une restriction dans l’octroi de licences aux nouvelles entreprises de VE, limitant leur nombre à seulement 10 par an.

Des subventions réduites et de nouvelles réglementations ont entraîné l’effondrement des stocks de VE en janvier 2017 par rapport à l’année précédente. Avec 5 682 unités, les ventes de NEV ont chuté de 74 %, selon l’Association chinoise des fabricants d’automobiles (CAAM).

Les politiques de soutien de la Chine révèlent leurs faiblesses, à savoir une surcapacité et une concurrence imparfaite du marché des VE. Aujourd’hui, on dénombre plus de 200 fabricants chinois de NEV. Ces derniers produisent plus de 4 000 modèles homologués. Autre obstacle d’un marché déjà mature : les NEV restent bon marché et de qualité médiocre. Ils représentent 60 % des parts du marché des NEV en Chine contre moins de 20 % pour les véhicules haut de gamme.

Fournisseurs chinois favorisés

On peut alors se demander quelles opportunités il reste aux constructeurs étrangers de VE dans un pays aussi protectionniste, où la marque locale BYD domine les ventes depuis plusieurs années. De manière surprenante, il en existe. Ainsi, Volkswagen a récemment signé un accord de Joint-Venture avec le fabricant chinois JAC Motor pour produire en masse 8 nouveaux VE en Chine d’ici 2020. Tesla Motors est également en pourparlers pour installer une usine à Shanghai.

Par ailleurs, la fabrication de batteries électriques offre des opportunités. Cet élément clé des VE connaît un début de croissance rapide et une forte demande, notamment pour les batteries au lithium-ion. En 2016, les modifications apportées à la législation chinoise ont permis aux entreprises étrangères d’établir des usines de fabrication de batteries de VE dans les zones de libre-échange de Shanghai, Canton, Tianjin et Fujian.

Néanmoins, si la Chine semble ouvrir ce marché aux entreprises étrangères, les fournisseurs locaux sont encore favorisés. En juin 2016, le MIIT a retiré plusieurs grandes sociétés étrangères de la liste de fabricants de batteries agréés pouvant bénéficier des subventions gouvernementales, dont les Coréens Samsung et LG, implantés en Chine depuis de nombreuses années. Dès janvier 2018, les constructeurs de VE qui feront appel à des fabricants de batteries qui ne figurent pas dans la liste approuvée ne pourront plus recevoir de subventions.

Si le marché chinois des NEV demeure en plein essor grâce à l’aide gouvernementale, son avenir reste incertain et son accès, difficile, pour les entreprises étrangères.

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CONSTRUCTION ECOLOGIQUE: LA CHINE MENE LA DANSE

Le plus grand marché mondial de la construction écologique. Avec environ 92 903 040 m² (9 290 ha) de surface constructible écologique et durable certifiée, la Chine devance désormais les États-Unis. Et ce en une dizaine d’années, soit deux fois moins de temps que leur homologue américain. Selon l’Accord de Paris sur le climat, un taux de construction commerciale de 50 % est prévu d’ici 2020. Si cette promesse est tenue, environ la moitié de la surface constructible écologique du monde se trouvera dans l’Empire du milieu.

Pour ses bâtiments écologiques, la Chine recourt à la certification nationale Three-star standard et à deux autres certifications occidentales, à savoir la certification américaine LEED (Leadership in Energy and Environmental Design) et le BREEAM (méthode d’évaluation environnementale du Building Research Establisment) du Royaume-Uni.

L’importance de la durabilité

Ces trois certifications concurrentes ont toutefois leurs limites, surtout face à une urbanisation galopante. Ainsi, dans les 15 prochaines années, 300 millions de Chinois en plus devraient s’exiler en ville, d’où l’urgence de développer davantage de bâtiments écologiques, tout en gardant à l’esprit l’importance de la durabilité.

Concernant la construction, la Chine pense le plus souvent à court terme en termes de coût plutôt qu’à toutes les économies qu’elle pourrait réaliser à long terme, en mettant en avant la performance énergétique. Et malgré ses initiatives en ce sens, telles que la norme en faveur de la performance énergétique des bâtiments instaurée par le ministère chinois du Logement et du Développement urbain et rural, ces programmes restent facultatifs pour la majorité des bâtiments et ont peu chance de réduire à grande échelle la consommation d’énergie dans le pays.

En outre, de nouveaux indicateurs qui répondent aux changements climatiques devraient être mis en place, tels que la réduction des émissions des gaz à effet de serre ou l’empreinte carbone dans les bâtiments. Les certifications devraient également tenir compte de l’étendue de la Chine, de ses différentes zones climatiques et de chaque situation locale.

Les techniques de construction écologique peuvent représenter de 10 à 30 % de frais supplémentaires. Un véritable frein pour de nombreux constructeurs. Et si le gouvernement chinois souhaite subventionner environ 40 à 50 % des frais de construction supplémentaires grâce à une série de règlements et de politiques, le plus souvent, les constructeurs de bâtiments publics et les acheteurs (de nationalité chinoise) d’un logement résidentiel sont les bénéficiaires de telles subventions. De plus, les bâtiments publics peuvent obtenir une certification plus rapidement que pour ceux du privé. Ce qui explique qu’en 2013, plus de 70 % des bâtiments écologiques étaient des bâtiments publics.

Besoin de la technologie occidentale

Depuis plusieurs années, les écocités connaissent un succès fulgurant. L’une des plus célèbres est celle située autour de la ville portuaire de Tianjin. Construit en partenariat avec un fonds souverain de Singapour, le projet prévoit de transformer un ancien marais inhabitable en un quartier résidentiel pouvant accueillir plus d’un million de personnes, une sorte de cité satellite de la municipalité.

Plus de 100 éco-projets sont essaimés dans tout la Chine. Ils sont principalement destinés à accueillir de nouvelles villes de 250 000 à 500 000 personnes et offrent de belles opportunités aux technologies occidentales dans un pays qui a soif de savoir-faire étranger. Toutefois, les bâtiments écologiques sont strictement définis en fonction des certifications. Seuls les matériaux et les solutions qui contribueront à améliorer le score des certifications auront une chance d’entrer sur le marché chinois de la construction écologique.

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