Le secteur biomédical et hospitalier chinois poursuit son ouverture aux innovateurs et investisseurs étrangers
Introduction
Le 7 septembre dernier, la Chine a publié une notification très importante quant à l’ouverture du secteur médical, et particulièrement de l’innovation médicale, aux acteurs internationaux. En effet, à compter de cette date, sont à présent permis, pour les sociétés à capitaux étrangers :
- L’exploitation clinique directe de thérapies géniques et cellulaires, ainsi que de diagnostic génétique, aux fins d’enregistrement réglementaire (NMPA), dans les zones économiques spéciales des trois grandes villes côtières (Pékin, Shanghai, Canton) et sur l’île de Hainan ;
- L’ouverture d’hôpitaux internationaux à capitaux 100% étrangers (hors médecine traditionnelle chinoise et acquisition d’un hôpital public) à Beijing, Tianjin, Shanghai, Nanjing, Fuzhou, Suzhou, Guangzhou, Shenzhen et l’île de Hainan.
Comment interpréter cette annonce ?
Cette annonce résonne en quelque sorte comme un « contrepoint » au VBP (Volume Based Procurement, déployé en 2020), dont les intentions, logiques et louables en termes macro-économiques, ont démontré lors de l’implémentation du système qu’il pouvait parfois se révéler contre-productif sur l’aspect « innovation ». En effet, dans bien des cas, l’équation économique des produits innovants sur le marché chinois peut se révéler intenable pour les innovateurs étrangers, les donneurs d’ordre se tournant préférentiellement vers les produits dits « de musée » dans le contexte VBP.
Par conséquent, cette annonce illustre la prise en compte de cette situation, et la volonté continue du gouvernement chinois d’attirer l’innovation « produits » et « services » en santé humaine sur son territoire, dans des conditions économiques à nouveau attractives pour les innovateurs internationaux de la santé.
De façon concrète, après les efforts très importants consentis notamment post-Covid sur la digitalisation du parcours de soins (celle-ci étant d’ores et déjà en avance par rapport à de nombreux pays occidentaux), l’objectif est de continuer à susciter la progression continue de toute l’industrie médicale :
- en matière d’offre de soins, les procédures d’achat de l’hôpital public et de validation du niveau de prise en charge par la sécurité sociale chinoise retardant bien souvent de plusieurs mois voire années le déploiement de nouvelles approches thérapeutiques et diagnostiques ;
- en matière de gestion hospitalière, afin d’éviter les nombreux gaspillages toujours présents à différents échelons de l’administration hospitalière ;
- en matière de satisfaction des patients, les niveaux de satisfaction mesurés auprès des Chinois vis-à-vis de l’hôpital public laissant en effet toujours à désirer.
En outre, comme il est de coutume avec le gouvernement chinois, la décision prise se révèle, à l’examen, multifactorielle. Ainsi, les conséquences positives de cette annonce pour le pays, sa population, et l’environnement général de l’industrie de la santé sont plus nombreuses qu’il n’y paraît ; en voici les principales :
En ce qui concerne les patients
- Mobiliser l’épargne des classes moyennes et supérieures vers l’économie réelle, le taux d’épargne des Chinois étant considéré comme trop élevé par de nombreux spécialistes macro-économiques. Est ici fait le pari que les Chinois aisés alloueront une part toujours croissante de leur budget familial au poste « santé », ce qui se vérifie d’ores et déjà dans les hôpitaux internationaux existants, où la patientèle chinoise est de loin majoritaire vis-à-vis de la patientèle étrangère – ce qui était loin d’être le cas il y a seulement dix ans ;
- Accélérer la croissance du secteur de l’assurance médicale privée, en volume et en termes de compétences actuarielles, afin de continuer à maîtriser les dépenses de santé publique et de développer tout un pan des services financiers quelque peu embryonnaire à l’heure actuelle par rapport aux grands pays occidentaux – à noter que la situation dans ce domaine s’améliore déjà depuis quelques années, grâce entre autres à d’innovants partenariats public-privé ;
Pour les personnels de santé
- Apporter de nouvelles opportunités de carrière au personnel stricto sensu « médical » de l’hôpital public, les médecins-chercheurs ayant quant à eux a priori vocation à poursuivre leur carrière dans le système étatique ou para-étatique – l’hôpital privé étant, en Chine comme ailleurs, connu et reconnu pour verser de meilleurs salaires et proposer de meilleures conditions de travail ;
- Poursuivre le processus de spécialisation de l’hôpital public sur la recherche translationnelle et clinique (on se souvient que de nombreux grands hôpitaux publics sont affiliés à une université comportant un cursus médical), en augmentant les financements aux médecins-chercheurs et en multipliant les centres d’essais cliniques de niveau international – une tendance déjà à l’œuvre depuis 2018 ;
- Ce faisant, créer un appel d’air vers les filières médicales et médico-scientifiques pour les jeunes Chinois, en leur rendant l’attractivité qu’elles avaient quelque peu perdu ces dernières années, sur fond de déséquilibre entre rémunération et charge de travail, mais aussi de « plafond de verre » trop vite atteint ;
Pour les innovateurs du secteur
- Favoriser l’innovation médicale, en facilitant l’entrée rapide sur le marché de médicaments et dispositifs médicaux / de diagnostic innovants via le canal des hôpitaux privés : en effet, ceux-ci ne sont pas soumis aux règles drastiques des appels d’offres publics (VBP ou autres), et achètent donc leurs produits de santé peu ou prou aux tarifs « internationaux ». La population cumulée des villes précitées et de leurs alentours immédiats excédant 150 millions de personnes, il fait peu de doute qu’un tel marché, à terme, se révélera intrinsèquement rentable ;
- Favoriser l’émergence de distributeurs médicaux spécialisés sur le canal des hôpitaux privés: ce type de distributeurs étant pour l’heure encore assez rare, il est très probable que de nouveaux acteurs de bon niveau apparaîtront dans les prochaines années – ainsi, vos produits de santé innovants pourront attaquer le marché chinois via de multiples canaux, les profits accélérés captés sur le canal « privé » venant soutenir l’entrée progressive sur le canal « public ».
Conclusion
Dans le contexte toujours très changeant de l’industrie de la santé humaine et des technologies médicales en Chine, il est essentiel pour vous, innovateurs, avant toute prise de décision, d’obtenir vos informations et données auprès de sources en prise directe avec les évolutions réelles du pays, loin des stéréotypes parfois véhiculés. C’est ainsi que vous bénéficierez de recommandations claires et étayées, accompagnées d’un plan d’action réaliste et chiffré.
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