La Chine, traditionnellement vue comme un pays dont le reste à charge pour les patients (« out-of-pocket expenses » ou OOP) est notablement plus élevé qu’en Europe
Une assurance en développement depuis 2007
Compte tenu de sa population, de son niveau de développement ainsi que de l’étendue des défis qui se posent à elle en matière de santé publique et de traitement des grandes pathologies, la Chine est traditionnellement vue comme un pays dont le reste à charge pour les patients (« out-of-pocket expenses » ou OOP) est notablement plus élevé qu’en Europe
Le mandat du Professeur CHEN Zhu, Ministre de la Santé de 2007 à 2013 (par ailleurs médecin hématologue formé en France à l’Université Paris 7), a été marqué par un grand nombre de réformes visant à réduire ce reste à charge, incluant notamment l’extension de la NDRL (National Drug Reimbursement List) et l’augmentation des taux de remboursement pour les médicaments et actes médicaux inscrits à cette liste.
Un reste à charge encore élevé pour les patients
Néanmoins, le taux d’OOP stagne aux alentours de 30% depuis 2015, ce qui génère de grandes difficultés pour de nombreuses familles, hors ou à la limite de la classe moyenne chinoise, frappées par les maladies graves (cancer en particulier) et dans l’incapacité de financer le reste à charge qui leur donnerait l’accès aux meilleurs traitements – alors même que ceux-ci, grâce aux réformes en profondeur menées par la NMPA depuis l’accession de la Chine à l’ICH en 2018, sont disponibles sur le marché chinois quelques mois à peine après les USA, Europe ou le Japon.
Une approche Public-Privée de la couverture santé
Afin de résoudre l’épineuse question, la Chine a, depuis l’origine, fait le choix de principe d’une approche mixte (public + privé) de la couverture des dépenses de santé, plutôt que d’un Etat-providence illimité qui, compte tenu notamment de la démographie du pays, n’aurait que peu de chances d’être pérenne au-delà de 2030-2035.
Néanmoins, elle s’est heurtée, jusqu’à ce premier semestre 2021, à deux écueils de taille : d’une part, la tendance traditionnelle des Chinois à « s’auto- assurer » via l’épargne plutôt que de souscrire des produits d’assurance, certes fondés sur la mutualisation des risques, mais « à fonds perdus » (comme le sont les complémentaires santé) ; d’autre part – et c’est lié – le relatif retard des assureurs chinois en matière actuarielle, faute de portefeuilles d’assurés de taille suffisante et en manque de recul historique dans le domaine des assurances de personnes hors épargne.
Assurance maladie en Chine : une solution innovante
La situation est en train de changer du tout au tout – et, comme souvent en Chine, à un rythme effréné. En effet, afin de casser le cercle vicieux « peu de candidats à l’assurance à produits d’assurance mal tarifés faute de tables actuarielles fiables à risque de forte sélection adverse à portefeuille d’assurés restreint et de mauvaise qualité », certaines provinces et municipalités du pays (celles où les classes moyenne et supérieure sont les plus nombreuses, par exemple Shanghai) ont pris la question à bras-le-corps : ainsi, depuis fin avril 2021, tous les utilisateurs WeChat de Shanghai se sont vus proposer une nouvelle option (WeChat Insurance) dans laquelle le contrat promu en « tête de gondole » est une assurance complémentaire santé couvrant uniquement les maladies graves, à hauteur de 2,3 millions de CNY (près de 300.000 €) par an, pour une prime d’assurance annuelle de seulement 0,05%, sans questionnaire médical ni conditions particulières à la souscription.
Outre le coût modique, les facilités de souscription (quelques clics) et de paiement de la prime (déduite du compte individuel « Sécurité sociale » du souscripteur, donc indolore pour son compte bancaire), combinée à une promotion massive sur WeChat, ont assuré le succès immédiat du produit, qui a enregistré en quelques jours des millions de souscriptions, notamment des personnes jeunes (moins de 40 ans), a priori peu susceptibles de contracter à brève échéance une maladie grave.
On voit bien la logique à l’œuvre : à travers un produit « grand public », bon marché, à risque maîtrisé (seulement les pathologies les plus lourdes), la succursale shanghaïenne de l’assureur concerné, avec le soutien du gouvernement local, vise à se constituer un portefeuille « sain » d’assurés, et à engranger des réserves qui lui permettront de faire face aux prestations futures. Pour peu que les assurés de 2021 renouvellent leur contrat chaque année, lesdites prestations permettront de résoudre bon nombre de situations familiales douloureuses.
De nouveaux horizons pour le marché de la santé
Ce changement complet de paradigme – passage, en quelques mois à peine, d’une population notoirement sous-assurée à une population potentiellement presque aussi bien assurée que les classes moyennes des pays occidentaux à fort Etat-providence – va indubitablement avoir un impact considérable sur les paramètres de market access et d’économie de la santé (« Health Economics ») d’un très grand nombre de produits de santé innovants internationaux, tant thérapeutiques qu’en matière de diagnostic. On le voit instantanément : grâce à cette approche, à Shanghai et à terme dans d’autres provinces et villes, les assurés diagnostiqués par exemple d’un cancer du côlon pourront aisément accéder aux outils d’aide au traitement les plus innovants, qui seront remboursés par l’assurance alors qu’ils n’étaient pas, précédemment, pris en charge par la Sécurité sociale chinoise.
Il en va naturellement de même pour les thérapies les plus innovantes, ainsi que pour certaines maladies rares ou orphelines : en ce qui concerne ces dernières, outre leurs facilités réglementaires, elles bénéficient à présent de paramètres de Health Economics extrêmement favorables.
Du fait de leur très fort degré d’innovation, vous vous interrogez sur « l’acceptabilité prix » de vos médicaments, outils de diagnostic, d’aide à la décision clinique, ou dispositifs médicaux sur le marché chinois ? Vous souhaitez analyser en profondeur vos paramètres de market access à la lumière des dernières évolutions en Chine, notamment en matière d’assurance santé ? L’équipe VVR Medical, grâce à ses compétences scientifiques, cliniques, réglementaires mais aussi économiques, répond à tous vos besoins en la matière.